On parle virement de bord ? Comme c’est agréable d’avancer sur l’eau à la voile. Vous n’entendez que le bruissement de l’eau sur la coque. Si vous voulez naviguer en vous rapprochant du vent, vous êtes à une allure de près. Vous ressentez bien le vent et l’air marin. Mais tôt ou tard, il vient un moment où il vous faudra passer la zone interdite…
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Virement de bord – deuxième partie de l’article : ici.
Cet angle mort, face au vent, a déjà fait bien plus de victimes que toutes les sirènes des 7 mers.
Votre arme secrète pour échapper à cette malédiction ?
Le virement de bord réussi !
Voyons ensemble, poste par poste, comment réaliser cette manoeuvre en restant dans le bon tempo.
Musique maestro!
Le sifflement du vent debout
Rappelons tout d’abord une évidence. Lorsqu’on navigue à la voile, on est dépendant du vent !
C’est parce que le vent “gonfle” nos voiles que notre bateau peut avancer. Lorsque les voiles sont en forme, elles sont propulsives et nous donnent de la vitesse.
Par contre lorsqu’on est face au vent, le vent ne gonfle pas nos voiles. Elles se comportent alors comme des drapeaux.
Les voiles battent de droite à gauche, parfois très bruyamment, on dit qu’elles faseyent.
Vos voiles ne sont plus propulsives. Cette zone est interdite à la navigation à la voile : on est dans le lit du vent.
Le lit du vent ne se réduit pas à l’axe du vent.
Et il dépend du bateau sur lequel on navigue et des conditions de navigation.
Il s’étend sur environ 45° de chaque côté de l’axe du vent, soit 90° au total, pour les monocoques, bateaux à une seule coque.
Il est inférieur à un angle droit pour les voiliers les plus performants. L’intervalle du bout au vent sera supérieur à 90° dans certains cas, par exemple :
- pour les multicoques (bateaux à 2 coques et plus : catamaran, trimaran);
- par gros temps (vent fort, mer formée);
- lorsque les voiles ne sont pas bien réglées;
- si on a oublié de bien redescendre la dérive relevable.
Si ce n’est pas encore le cas, vous pouvez télécharger le guide que je vous offre pour bien démarrer à la voile.
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Louvoyer pour fuir le chant des sirènes
Lorsqu’on veut atteindre un point qui se trouve dans le lit du vent, il ne faut surtout pas écouter le chant des sirènes : vous ne pourrez pas y aller en ligne droite.
Une seule solution : faire des zigzags !
Vous allez le plus proche possible du vent. En recevant le vent du côté gauche du bateau, par exemple.
Puis vous changez de cap pour être le plus proche du vent, mais cette fois, avec le vent venant de la droite.
En terme marin, vous allez naviguer sur un bord de près bâbord amure puis ensuite sur un bord de près tribord amure. Et entre les deux, qu’allez-vous faire? Vous allez virer de bord !
Ainsi vous allez réaliser une succession de : bord de près sur une amure, virement de bord, bord de près sur l’autre amure, virement de bord, et ainsi de suite.
Cette trajectoire en zigzag s’appelle : Le louvoyage.
Ce mot sonne peut-être bien à l’oreille, mais il n’a rien d’un doux voyage. Et oui, louvoyer sur une longue période peut épuiser l’équipage.
Raison de plus pour soigner ses virements de bord…et les bords de près successifs pour ne pas perdre le gain au vent si chèrement acquis. Qu’on se le dise !
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La vitesse : la clé de sol essentielle au virement de bord
Vous l’aurez compris, le virement de bord est la manoeuvre qui vous permet de passer l’axe du vent avec le vent de face.
Vous allez ainsi changer le côté d’où vient le vent sur le bateau en passant d’une amure bâbord (vent à gauche) à une amure tribord (vent à droite). Et tout ça se fait dans une zone où vous avez plusieurs contraintes (voir schéma) :
- vous devez contrer la force du vent;
- vos voiles ne sont pas propulsives;
- vous devez changer les voiles de côté;
Une fois que le virement de bord sera lancé, vous ne pourrez compter que sur la vitesse déjà acquise par le bateau.
D’où l’importance de la vitesse initiale qui doit être suffisante pour vous permettre de faire un quart tour, juste avec votre élan ! On dit à ce moment que le bateau avance sur son erre.
Un virement de bord, c’est comme conduire dans une montée juste après une descente, sans pouvoir accélérer : vous avez tout intérêt à dévaler la descente le plus rapidement possible avant d’amorcer la montée.
Vous avez de la vitesse au départ, super !
Maintenant le tout est de perdre le moins de vitesse possible pendant la manoeuvre.
Et bien sûr, il faudra récupérer le plus vite possible votre vitesse après le passage du vent debout pour remettre le bateau sur de bon raille.
Ce sera possible grâce à une relance du bateau après la manoeuvre.
Éviter les grincements du manque à virer pendant le virement de bord
Que se passe-t-il si on a pas assez de vitesse? Ou si on perd trop de vitesse pendant la manoeuvre?
Et bien, le bateau n’aura pas assez de puissance et le virement de bord échoue.
On dit alors qu’on manque à virer.
Ce n’est pas bien grave, on a juste à recommencer. Pas la peine d’en faire tout un pataquès! Oui, c’est vrai, sauf si le virement de bord doit être fait en urgence.
Pour une question de sécurité, on doit agir vite afin par exemple :
- d’esquiver un autre bateau qui est en route de collision avec vous, pour ne pas l’aborder (et BOUM!!);
- d’éviter une zone où la profondeur est trop faible, pour ne pas talonner sur un rocher (et CRAC!!);
Un proverbe dit bien :
Quand les mouettes ont pied, il est temps de virer (voire trop tard !!)
Dans certains cas, il est donc important de réussir à virer de bord du premier coup. En pratique, c’est parfois plus facile à dire qu’à faire. Pour y arriver, il y a trois secrets :
- la préparation du bateau;
- la préparation de l’équipage;
- la bonne synchronisation de la manoeuvre.
Nous allons voir en détail et poste par poste, comment bien orchestré la manoeuvre de virement de bord.
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Esquiver les fausses notes : prenez connaissance de l’écoute de foc (voile d’avant)
Le virement de bord nécessite de changer les voiles de position.
Pour bien comprendre ce qui va suivre, il faut connaître quelques notions de base.
L’écoute est le bout qui permet d’orienter la voile par rapport au vent. La Grand-Voile possède une écoute.
La voile d’avant classique possède deux écoutes. Une pour positionner la voile à droite du bateau, l’écoute tribord. Et une autre à gauche, l’écoute bâbord.
Lorsque la voile se trouve à bâbord, c’est l’écoute bâbord qui est en tension et on l’appelle “l’écoute”. Dans ce cas, l’écoute tribord est appelé “la contre-écoute”.
Les voiles se positionnent naturellement du côté opposé du vent, on dit qu’elles sont sous le vent du bateau.
La contre écoute est située du côté d’où vient le vent, on dit qu’elle est au vent (du bateau).
L’écoute est du côté de la voile,se trouve à l’opposé du vent. On dit qu’elle est sous le vent (du bateau).
Rappelez-vous aussi qu’à tout moment il n’y a qu’une seule écoute qui est en tension, jamais les deux en même temps!
Casting de l’équipage : préparation des équipiers avant le virement de bord
La manoeuvre est un travail d’équipe qui nécessite une bonne coordination pour être réussi. Chaque équipier doit:
- savoir ce qu’il a à faire;
- et savoir le faire;
- mais aussi, savoir quand le faire.
Il faut donc bien distribuer les rôles et s’assurer que chacun connaît sa part de la partition sur le bout des doigts.
Si un équipier est en apprentissage, il faut garder à l’esprit qu’il faudra peut-être l’assister dans sa tâche.
Il y a 5 rôles bien distincts qui pourront être occupés par 5 personnes différentes. En équipage réduit, une personne se chargera de plusieurs postes à la fois.
Nous verrons tout à l’heure des exemples de répartition des rôles en fonction du nombre de personnes disponibles pour la manoeuvre.
Les 5 rôles sont les suivants:
- Chef de bord / Skipper
- Barreur
- Equipier à l‘écoute de la Grand-Voile (GV)
- Un autre à l’écoute de voile d’avant (VA)
- Et un dernier à la contre-écoute de VA
Voici maintenant quelques exemples lorsqu’on navigue en équipage réduit.
Exemple à 4 :
- Chef de bord + Barreur
- Equipier à la GV
- Un autre à l’écoute du foc (voile d’avant)
- Et un à la contre-écoute de VA
Exemple à 3 :
- Chef de bord + Barreur + Equipier à la GV
- Equipier à l’écoute de foc
- Un autre à la contre-écoute de VA
Exemple à 2 :
- Chef de bord + Barreur + Equipier à la GV
- Un équipier qui sera à l’écoute de voile d’avant et à la contre-écoute de VA
Exemple seul :
- le skipper fait tout, en solo.
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On accorde son instrument pour le virement de bord : préparation du voilier
La manoeuvre de virement nécessite quelques prérequis pour passer sans peine l’axe du vent. Voici les trois points sur lesquels vous devrez porter votre attention :
L’allure du voilier
On est sur le point de tourner face au vent sur notre élan. Pour se faciliter la vie, on va chercher à minimiser la distance à parcourir au vent debout.
On va doit se placer sur l’allure la plus proche du vent possible où notre bateau est encore propulsif. C’est le près.
À cette allure, l’angle entre le bateau et le vent est d’environ de 45°. C’est l’allure où on se trouve le plus proche du vent.
Sur un monocoque, la gîte doit être constante. En effet, le bateau a tendance à s’incliner du côté sous le vent aux allures de près. On dit qu’il gîte.
Vous aurez une sensation de vitesse très forte, cheveux au vent et fort risque de perte de casquette.
C’est parce que le vent réel et le vent vitesse créée par le mouvement du bateau se cumule : c’est le vent apparent, celui que vous ressentez sur le voilier.
Pendant la navigation au près, les équipiers se placent pour conserver une légère gîte. Leur position variera en fonction de l’intensité du vent. Du vent le plus fort au vent le plus faible, ils seront :
- à la contre gîte: au vent du bateau pour équilibrer le bateau qui gîte trop;
- dans l’axe du bateau si la gîte du bateau est faible;
- à la gîte : sous le vent du bateau, par vent faible, pour faire gîter le bateau et ainsi réduire les frottements sur l’eau.
Les voiles du bateau
Premièrement, vous devez naviguer avec les voiles du temps.En effet votre voilier ne doit pas être sous-toilé.
Si la voilure est trop réduite par petit temps, c’est-à-dire lorsque le vent est faible, vous allez manquer de puissance.
À l’inverse, votre bateau ne doit pas être surtoilé. Si la voilure est trop importante par vent fort, le bateau sera difficile à maîtriser et deviendra ardent.
Cela veut dire qu’il aura tendance à aller vers le vent tout seul. Il risque de partir au lof avant le lancement du virement. Et la gîte du bateau sera excessive.
Deuxièmement, la voilure du bateau doit être équilibrée. Vous devez garder une certaine harmonie de taille entre de la Grand-Voile et le foc (voile d’avant).
C’est-à-dire que si la voilure de la Grand-Voile a été réduite, disons en prenant deux ris, vous devez aussi réduire la voilure de la voile d’avant.
Soit en enroulant le Génois, soit en le remplaçant par une autre voile d’avant de plus faible recouvrement, par exemple, un Solent.
Enfin, les voiles sont réglées pour le près. On a tiré suffisamment sur leurs écoutes pour qu’elles soient bordées dans le bateau.
Si on abat un peu à la barre, on s’éloigne légèrement du vent, alors le foc doit commencer à faseyer. C’est le réglage parfait pour le près : à la limite du faseyement.
Vous devez avoir suffisamment de vitesse pour que toute la trajectoire du virement de bord se fasse sur l’erre du bateau.
Je n’insisterai jamais assez : la vitesse est primordiale, essentielle, cruciale, vitale bref sans vitesse c’est le manque à virer assuré.
Et vous êtes bon pour un autre tour de manège.
Maintenant qu’on a distribué le rôle de chacun et que le bateau est prêt, on peut s’intéresser à la chronologie du virement de bord.
On verra en détail cette manoeuvre dans cet article.
Pour voguer encore plus loin :
Quiz en 7 questions
Pour aller plus loin, testez vos connaissances avec ce quiz en 7 questions :
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Merci d’avoir lu cet article !
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Articles très intéressant. A quand le 2/2 ?
Bonjour Ludo. Content de voir que tu as apprécié la première partie sur le virement de bord. La deuxième arrive très bientôt. SI ce n’est pas encore le cas, tu peux t’inscrire à la newsletter pour être averti lorsqu’elle sera disponible.